Life GYPRESCUE

L’objectif principal du projet « LIFE GYPRESCUE » est d’empêcher la disparition du Gypaète barbu en Corse en relançant la reproduction naturelle et en augmentant la capacité d’accueil de l’île pour l’espèce tout en évitant sa mortalité.

Les objectifs

Pour atteindre cet objectif, des actions importantes sont mises en place. Par exemple :

  • Renforcer la population
  • Mettre en sécurité la population existante par le prélèvement d’œufs
  • Augmenter l’efficience du nourrissage artificiel
  • Sécuriser des lignes électriques dangereuses
  • Sensibiliser les différents acteurs de la montagne

Durée du programme : 1er octobre 2021 – 30 juin 2025.

Porteur de Projet : 

Syndicat Mixte du Parc Naturel régional de Corse – Parcu di Corsica

Bénéficiaires associés :

  • Vulture Conservation Foundation (VCF)
  • Électricité de France – Systèmes énergétiques insulaires (EDF-SEI)
  • Fédération départementale des chasseurs de Corse-du-Sud (FDC2A)
  • Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)

Découvrez
nos actions

Découvrez les différentes actions du programme LIFE

Le renforcement de la population

Le suivi de la population de Gypaète barbu en Corse a mis en évidence un problème de renouvellement et de déclin de la population. Le risque d’extinction de cette population autochtone insulaire est très élevé. Cela a motivé le projet de renforcement de cette population, en accompagnement de mesures sur l’habitat. Six gypaètes barbus ont été lâchés avec succès en 2016, 2017 et 2018. Il est prévu de lâcher au minimum 4 gypaètes barbus juvéniles, 2 mâles et 2 femelles, au cours du projet LIFE. Cette action comprend deux sous-actions.

L’élevage des gypaètes barbu est réalisé par le réseau EEP gypaète, avec pour finalité de :

  • Contribuer à l’organisation du réseau EEP pour assurer la fourniture des oiseaux génétiquement appropriés. L’objectif est d’obtenir les spécimens les plus appropriés pour les lâcher en Corse, afin d’augmenter la variabilité génétique de la population insulaire, en lâchant le moins d’oiseaux possible de l’EEP, afin de ne pas déplacer l’information génétique corse. Cela nécessitera une planification/analyse annuelle des couples possibles au sein de l’EEP, afin d’obtenir des descendants appropriés. Pour atteindre les objectifs qui seront fixés annuellement, il sera nécessaire d’effectuer le transfert d’une moyenne de quatre oiseaux par an dans le réseau de l’EEP.
  • Transférer les oiseaux en Corse
    Les jeunes gypaètes barbu choisis pour le lâcher en Corse seront accompagnés/transportés par le personnel de la VCF jusqu’au point de lâcher. Cette action concerne toutes les étapes à suivre pour que les jeunes Gypaètes barbus nés en captivité puissent être amenés jusqu’aux sites de lâcher. Les oiseaux sont transportés jusqu’aux sites de lâcher et ainsi confiés au SMPNRC pour le placement des oiseaux sur le site de lâcher. L’organisation des transferts et les transports des oiseaux des différents centres de reproduction en captivité EEP jusqu’aux sites de lâcher seront assurés par la VCF.

Les gypaètes sont lâchés, selon la méthode du hacking (taquet), celle mise en œuvre pour les programmes de réintroduction de cette espèce en Europe (Alpes, Andalousie, Grands Causses, Vercors Maeztrago), en partie dans le cadre de projet LIFE sur le Gypaète. Cette technique éprouvée consiste à lâcher/déposer 2 gypaètes barbus en même temps dans une cavité aménagée comme un nid. Les juvéniles, âgés d’environ 90 jours, ne savent pas encore voler.

Un suivi des gypaètes barbus avant et après envol est mené.
Le suivi durera 5 ou 6 semaines à partir de la réception des oiseaux jusqu’à 2-3 mois après leur envol selon les contextes particuliers du site et les nécessités suivant les informations de déplacements des oiseaux.

Les 2 phases de l'action

Phase 1 : avant l’envol des oiseaux : Suivi des oiseaux pour s’assurer de leur émancipation, de leur état sanitaire et de leur bon développement. Pour ce faire, des opérations de suivi visuel seront réalisées 7j/7, du lever du jour au coucher du soleil.

Phase 2 : après l’envol des oiseaux : Suivi pour s’assurer du bon développement post envol des oiseaux, pour analyser leur comportement et leur capacité d’adaptation mais également pour s’assurer de leur pérennité. Les opérations de suivi reposeront sur l’observation quotidienne des oiseaux à proximité même du taquet pour suivre la phase d’apprentissage. Les suivis télémétrique et GPS sont également indispensables pour s’assurer de la bonne évolution des oiseaux et analyser les comportements.

Nos actions

La conservation ex-situ

Il s’agit de conserver ex-situ l’information génétique de cette population, en intégrant des individus corses dans le réseau EEP gypaète barbu.
La mise en œuvre de cette action repose sur le prélèvement d’œufs, l’incubation artificielle, l’élevage en captivité des poussins et l’appariement de ces gypaètes corses au sein du réseau EEP gypaète.

L’objectif est d’inclure au moins un descendant de chaque couple reproducteur corse dans l’EEP.

La VCF qui coordonne l’EEP (Endangered European Species Programme – le programme d’élevage en captivité pour conservation de EAZA, le réseau européen de Zoos et Aquaria) a l’expérience et la connaissance en matière d’incubation artificielle des œufs, d’élevage des jeunes et de gestion de cette espèce en captivité. La VCF met à disposition du personnel spécialisé dans ces techniques.

Depuis une trentaine d’années, le PNRC réalise le suivi des couples reproducteurs en Corse grâce à une très bonne connaissance des sites de nidification pour déterminer la date de ponte et de prélèvement des œufs.

Les agents du PNRC accèdent aux nids par escalade en toutes saisons. Tous les œufs des nids concernés seront prélevés si les conditions sont remplies (sécurité…). Les œufs seront récoltés au minimum 21 jours après la ponte, stade d’incubation à partir duquel les œufs sont moins fragiles. La ponte est déposée au personnel de la VCF qui est chargé de l’incubation artificielle.

L’œuf est transporté au centre d’élevage de Vallcalent, en Espagne, qui dispose du matériel et des installations adéquates.

Néanmoins, le SMPNRC dispose d’un local sécurisé approprié pour l’incubation et l’éclosion artificielle, l’élevage de poussins et un logement pour le technicien VCF, au cas où le transport de la ponte ne peut pas être effectué immédiatement après son prélèvement du milieu naturel (par exemple mauvais temps, mer forte, etc.). Si l’éclosion intervient en Corse, à l’âge d’environ 7-10 jours, les jeunes seront transférés et élevés conformément à la méthode utilisée par le réseau EEP afin d’assurer son développement naturel.

La ressource sauvage

Les ongulés sauvages représentent la meilleure source de nourriture pour le gypaète barbu car ces ongulés sont présents toute l’année sur les territoires L’action consiste à créer et développer un nouveau noyau de population de Mouflon corse, ressource alimentaire privilégiée pour les gypaètes barbus sur l’île.

Cette action s’inscrit aussi pleinement dans la stratégie régionale de conservation des populations de Mouflon sur l’île, dont le Groupe Grands Ongulés est animé par l’OEC (co-financeur du projet LIFE). Le SMPRC gère un centre de reproduction en captivité de mouflons. Il a opéré un premier lâcher de 14 mouflons en octobre 2020 sur un nouveau secteur : la Montagne de Cagna, au Sud de l’île.

Le projet prévoit de lâcher au minimum 20 autres mouflons corses. Ces mouflons seront issus du même centre de reproduction de Quenza.

La ressource domestique

La ressource alimentaire domestique représente une grande partie des disponibilités pour le gypaète barbu. Nous prévoyons donc d’une part de soutenir les éleveurs qui montent en zones d’estive et d’autre part d’intégrer le Gypaète Barbu dans les politiques en faveur du pastoralisme et de l’ouverture du milieu.

Eu égard à l’importance de cette pratique pastorale, l’action du SMPNRC pour faciliter la transhumance est essentielle. Un cahier des charges intégrant les divers enjeux liés aux gypaètes barbus et tenant compte des zones Natura 2000 a été élaboré. Les bergers qui le souhaitent peuvent bénéficier de rotations par hélicoptère avant la montée en estive des troupeaux entre le mois de juin et début juillet.

L’aide au transport du matériel nécessaire (pour les clôtures, l’aménagement de bergeries, la transformation ou des aliments complémentaires pour les animaux) participe à faciliter le maintien de bergers d’ovins et caprins en zones d’estive.

L’intégration de la thématique « gypaète barbu » dans les politiques en faveur du pastoralisme et de l’ouverture du milieu est très importante et va permettre de sensibiliser les acteurs travaillant sur ces thématiques aux enjeux du programme.

Le PNRC organise ou participe à des réunions intégrant les enjeux du programme notamment sur
– la ressource alimentaire que représentent les ovins et caprins et leur accessibilité,
– une pratique de l’estive responsable qui puisse permettre aux éleveurs d’intégrer l’enjeu gypaète tout en facilitant sa faisabilité.

Les résultats ou recherches d’autres actions, notamment sur les traitements des troupeaux ou le nourrissage, permettront d’orienter et de mettre à jour les actions souhaitées tout au long du programme avec au moins une réunion chaque année et un travail sur le terrain avec les différents acteurs.

Le nourrissage

Le nourrissage artificiel permet d’atteindre quatre objectifs :

  • Favoriser la survie des individus, de toute classe d’âge (juvénile, immature et adulte) et de tout statut (territorial et non territorial = flottant)
  • Augmenter les capacités reproductrices en permettant aux couples d’être en bon état physiologique en vue de leur reproduction
  • Accélérer l’installation de nouveaux couples
  • Compenser les ressources alimentaires naturelles insuffisantes, aux niveaux spatio-temporel et quantitatif / qualitatif.

Le réseau

Un réseau de placettes pour les couples de gypaète

La mise en place d’un réseau de charniers vise à améliorer la disponibilité alimentaire sur l’ensemble du massif. Les objectifs sont : d’une part maintenir un bon état physiologique des oiseaux et une bonne condition physique pré-reproduction et post reproduction en cas d’échec de celle-ci, et d’autre part favoriser la prospection alimentaire pour proposer aux oiseaux une disponibilité alimentaire plus importante pour une recolonisation des massifs du Sud de l’île. Cela permettra également de simuler un accroissement naturel de la ressource, à disperser les espèces concurrentes, à favoriser la prospection alimentaire et à plus long terme à créer un pont de prospection alimentaire en tenant compte de la ressource naturelle présente.

Cette action se déroulera d’octobre à juin, les 3 mois d’été seront laissés à une prospection naturelle rendue possible par une présence de troupeaux en estive sur une grande partie du territoire.
Un réseau de placettes sur des sites vacants de nidification, qui abritaient des couples disparus.

L’objectif est de les rendre plus attractifs afin d’inciter des couples à s’y installer.

Un réseau de placettes de « prospections »

Celui-ci pourra inciter des gypaètes à s’installer ailleurs sur l’île, notamment dans le Sud. Ces sites contribueront également à diminuer les interactions sur les quelques sites actuels dans le Nord du massif.

La réduction des risques d'empoisonnement et d'intoxication

Cette action vise à diminuer les risques d’empoisonnement par les produits sanitaires sur les troupeaux.
Il s’agit d’effectuer un recensement des médicaments utilisés en élevage de manière à évaluer le risque pour les oiseaux nécrophages.

Cette opération sera conduite sur quelques communes corses, y compris sur des sites Natura 2000, durant toute la durée du programme. Développée avec l’assistance de la FDC2A cette action doit permettre également d’informer et de sensibiliser les chasseurs sur les risques liés à l’utilisation de munitions contenant du plomb et sur l’intérêt de s’orienter vers l’usage de munitions alternatives lors de la chasse au sanglier, seul grand gibier chassable sur l’île, afin de limiter les risques d’intoxication et plus globalement de pollution des écosystèmes.

Les espèces prises en compte seront a minima le Gypaète barbu et des espèces sentinelles aux comportements charognards : Aigles royal, Milan royal, Grand corbeau…
Il s’agit de mettre en place un protocole de récupération des oiseaux trouvés morts ou blessés.

Les oiseaux retrouvés morts seront radiographiés et autopsiés. Des prélèvements seront réalisés pour permettre d’apprécier leur contamination principalement par les pesticides, les médicaments, mais aussi par le plomb : foie, rein, contenu digestif seront prélevés à des fins d’analyses toxicologiques, éventuellement complétés par muscle, os, encéphale et plume.

La prévention des risques de collision et d'électrocution

L’objectif de cette action est de sécuriser et neutraliser des tronçons de lignes électriques dangereux pour le Gypaète et d’autres rapaces de l’annexe 1 de la Directive européenne « Oiseaux ». Deux lignes ont été sélectionnées suite à l’évaluation des risques réalisée en 2018. Les neutralisations concerneront à la fois les lignes hautes (HTB) et moyennes (HTA) tensions (risques de percussion), les interrupteurs aériens (IACM) et les postes de transformation HTA/BT (risques d’électrocution). Les neutralisations des lignes seront réalisées à l’aide de dispositifs de visualisation visant à éloigner les gypaètes et autres rapaces. Les interventions suivantes sont prévues.

La sécurisation des câbles consiste à mettre au sol les câbles et les poteaux ou à installer des déviateurs d’oiseaux (balises avifaunes) pour éviter les risques de collision. Ce dispositif est conçu pour rendre les lignes aériennes et les structures haubanées visibles aux oiseaux. Dans ce cas, la maintenance est assurée par le remplacement des appareils si cela est jugé nécessaire.

Le suivi des actions et les résultats attendus

  • Lâcher d’au moins 4 jeunes gypaètes barbus provenant du réseau EEP durant le LIFE.
  • Naissance d’un nouveau couple durant le LIFE.
  • Prélèvement de 2 à 5 pontes en nature dans le but de générer en élevage une descendance partiellement issue d’individus corses pour une future réintroduction dans l’île.
  • Création d’un nouveau noyau de population de Mouflon de Corse.
  • Pérennisation des estives dans l’aire favorable au Gypaète barbu.
  • Création de 3 à 5 nouvelles placettes de nourrissage pour que dans le futur, chaque territoire occupé soit équipé de 2 sites de nourrissage artificiel.
  • Rédaction de plusieurs protocoles de nourrissage durant la première année du LIFE dans le but d’améliorer l’accès à la ressource alimentaire pour le gypaète barbu.
  • Renfort des liens avec les différents partenaires d’activités de pleine nature pour minimiser au maximum les risques de perturbation.
  • Maintien d’un contact régulier avec les acteurs du survol pour un respect systématique des ZSM.
  • Test de munitions sans plomb par au moins 2 équipes de chasse. Leurs impressions et les résultats seront exposés aux fédérations et associations de chasse.
  • Gestion préventive des menaces toxiques par le biais d’un partenariat formalisé avec les acteurs concernés.
  • Réalisation systématique d’une autopsie sur les gypaètes barbus et espèces sentinelles retrouvés morts.
  • Équipement de 2 lignes électriques identifiées comme dangereuses par des balises anticollisions dans la zone de projet. La vigilance sera accrue en ce qui concerne l’installation de futures structures dangereuses.
  • Conservation des services écosystémiques (notamment sur le plan sanitaire) rendus par le gypaète barbu grâce à son régime alimentaire de charognard.
  • Élaboration d’un ensemble de contenus pédagogiques et diffusion des résultats avec a minima un site Web, une brochure de présentation du LIFE, un rapport de vulgarisation, une malle pédagogique.
  • Production d’un manuel technique pour permettre une meilleure réplicabilité des actions.
  • Mise en œuvre d’actions de communication pour permettre de mieux faire connaître le gypaète barbu.
  • Parution d’au moins une publication scientifique sur les résultats des études menées au cours de ce LIFE.

La sensibilisation des publics et la communication

L’objectif de cette action est d’utiliser les outils de communication créés dans l’action E2 pour sensibiliser différents publics cibles.
Les pratiquants des activités de loisirs ou les professionnels seront sensibilisés aux enjeux de la préservation de la biodiversité et des dérangements anthropiques et seront responsabilisés dans leurs comportements. Cela répond à des attentes qui ont été clairement exprimées lors des réunions préparatoires au projet LIFE. Cette sensibilisation aura lieu tout au long du projet et plusieurs approches seront développées :

  • Information et implication sur les réseaux sociaux et professionnels
  • Développement de conventions et de chartes
  • Formation et sensibilisation des professionnels
  • Diffusion d’outils de communication

Le grand public sera également sensibilisé sur l’ensemble du périmètre du projet.

Cette sensibilisation du grand public sera menée tout au long du projet.

Les scolaires

Des animations seront assurées dans environ 60 écoles et collèges répartis sur l’ensemble du périmètre.

La communication du programme à pour vocation la diffusion des avancées et des leçons apprises au cours de celui-ci. Les outils de communication mis en place permettront de toucher un public très varié et de servir de vitrine au projet et à l’ensemble des actions qui seront développées.
La complémentarité des outils permettra de proposer des vecteurs de communication efficaces et adaptés aux publics cibles identifiés.